Dans le Muscadet :
des vignes et un lieu de vie chez Eco-Dyn

Le 11/04/2023 à 12:15

Le spécialiste du matériel pour la biodynamie s'est installé en 2021 sur le domaine de Sainte-Radegonde, dans le Muscadet, avec l'objectif d'en faire un lieu de vie, avec des projets agricoles. Eco-Dyn est aussi propriétaire de vignes à quelques kilomètres, dont la production est vinifiée à côté de son atelier de production.

 

À quelques kilomètres du Loroux-Bottereau, en plein coeur du vignoble nantais, de discrets panneaux estampillés EcoDyn mènent au lieu-dit Sainte-Radegonde, une ancienne abbaye. Depuis 2020, l'entreprise s'est installée là. Jusqu'alors, c'était un domaine viticole conséquent, la famille propriétaire possédant plus de 200 ha de vignes. Eco-Dyn développe, fabrique et vend du matériel, à 80 % pour le monde de la biodynamie, comme des dynamiseurs, et à 20 % pour de l'agriculture régénérative (matériel pour faire du thé de compost, rouleau faca, etc.). Depuis 2021, elle propose aussi des formations. Ses clients sont à 80 % des viticulteurs, pour le reste les productions sont variées : maraîchage, arboriculture... L'équipe se compose de six salariés, pilotés par Vincent Harnois, le gérant. À Sainte-Radegonde, les anciens chais abritent aujourd'hui l'atelier de développement et de fabrication d'EcoDyn. En s'installant là, Vincent Harnois ne cherchait pas seulement un lieu pour abriter les activités de son entreprise. « L'objectif, c'est d'en faire un lieu de vie, de rencontres d'échanges... », confie le dirigeant.

 

28 ha autour des bâtiments

Le site et son foncier, propriété d'Eco-Dyn, comptent 28 ha : 12 ha de céréales, 3 ha de prairies, et des vignes en friche. Impossible de les récupérer, «  elles sont abandonnées depuis 2012. Nous sommes en train de les arracher », explique Vincent Harnois, qui réfléchit à en replanter. Cinq autres hectares, en vignes, sont à quelques kilomètres de là, au lieu-dit Pont Marmite, sur la même commune. Côté bâtiments, 2 000 m² sont disponibles. Vincent Harnois, chaudronnier de formation, a rejoint l'aventure Eco-Dyn, en 2009. Natif du Muscadet, avec une clientèle majoritairement composée de vignerons, le dirigeant ne se voyait pas s'installer ailleurs que dans le vignoble nantais. L'équipe a emménagé à Sainte-Radegonde en 2020. « Le site correspondait pour notre activité matériel, et laissait des perspectives de développement », explique Vincent Harnois. L'ancien local était non loin, dans le bourg du Loroux-Bottereau. Avec les 5 ha de vigne à quelques encablures de Sainte-Radegonde, Eco-Dyn possède désormais une petite exploitation viticole, le domaine du Pont Marmite. Il est piloté par Robin Euvrard, rencontré lors d'une journée technique en 2019 par Vincent Harnois. « En résumé, Robin cherchait des vignes, et moi je venais d'en acheter, raconte ce dernier. Robin porte l'itinéraire technique, la vision globale de comment sera la vigne aujourd'hui et demain ». Le gérant voit ces vignes comme une sorte de laboratoire pour expérimenter des pratiques. Sans oublier, que « au bout, il faut du raisin, du vin, avec une stratégie de commercialisation, ajoute Vincent Harnois. On se confronte aux mêmes problématiques que les viticulteurs ».

Eco-Dyn possède cinq hectares de vignes en production à Pont Marmite, au Loroux-Bottereau. Les parcelles sont sur ce versant, et le coteau en face (crédit L.Jean).

Tests d'itinéraires techniques vigne

« Au départ, l'objectif était de m'installer et de gérer ce petit domaine », explique Robin Euvrard. Finalement, entre les tests d'itinéraires techniques et les formations qu'il dispense, le temps lui manque. C'est pourquoi Vincent Harnois et Robin Euvrard réfléchissent à une nouvelle organisation. Avec un porteur de projet, ou en partenariat avec un producteur installé sur une petite surface par exemple. En attendant, pour 2023, « l'idée, c'est que je gère tout ce qui est manuel à la vigne, avec le renfort de saisonniers quand il y a besoin, et le travail du sol, et que je délègue la pulvérisation, en gardant possiblement les applications de thés de compost ou autres », explique Robin Euvrard. Outre des saisonniers, il est épaulé par des retraités bénévoles, qui donnent un coup de main notamment lors des vendanges et de l'étiquetage. Plus généralement, Vincent Harnois avance petit à petit sur l'avenir du domaine. Il réfléchit à accueillir des projets en céréales, en maraîchage, ou encore en élevage. Sainte-Radegonde compte déjà quelques animaux, poules, lapins, oies, ou encore cochons, et un potager, où les salariés sont invités s'ils le souhaitent à s'investir. Les poules fournissent quotidiennement à l'équipe d'Eco-Dyn des œufs. Sur les parcelles autour, actuellement, 12 ha sont cultivables en céréales. Pour cette année, un voisin va s'occuper des travaux à réaliser, en s'étant préalablement mis d'accord sur l'itinéraire technique à suivre avec Robin Euvrard. Ce dernier résume : « L'idée, c'est un projet agricole cohérent, pour produire une alimentation de qualité. On ne manque pas d'idées, maintenant il faut les personnes ».

L'atelier d'Eco-Dyn est installé dans le bâtiment qui abritait des chais (crédit L.Jean).

Des brasseurs à Sainte-Radegonde

Début 2023, Sainte-Radegonde va accueillir des brasseurs, auxquels Eco-Dyn loue un local. « Je ne cherchais pas juste des locataires , explique Vincent Harnois. L'idée, c'est de valoriser les cultures locales bio, de réfléchir à l'implantation d'une houblonnière sur le site, etc. ». Les locaux de Sainte-Radegonde servent aussi pour les formations proposées par Eco-Dyn, sur la biodynamie, l'agriculture et la viticulture régénérative (lire encadré), les thés de compost oxygénés ou encore la taille douce de la vigne. « Elles prennent de l'ampleur, confie Vincent Harnois. Quand elles sont animées par Robin, il parle de coconstruction d'itinéraire technique. Nous restons humbles ». Il poursuit : « Cette nouvelle posture d'Eco-Dyn, avec les formations, les travaux sur les itinéraires techniques, c'est moins confortable pour nous que de répondre à une demande sur un semoir », reconnaît Vincent Harnois, qui croit en la biodynamie, et l'agriculture régénérative, et veut les développer.

 

Louise Jean

 


25 hL en moyenne en 2022 à Pont Marmite

« Il manque environ 30 % des pieds dans les vignes », estime Robin Euvrard, agronome vigneron formateur chez Eco-Dyn (crédit L.Jean).

Ecodyn et Robin Euvrard ont débuté avec 1,1 ha à Pont Marmite, à quelques kilomètres de Sainte-Radegonde, toujours sur la commune du Loroux-Bottereau. Les vignes se composent aujourd'hui de 3 ha de melon de bourgogne, 1 ha de folle-blanche, et à peine 1 ha de rouge, cabernet-franc principalement, et gamay, soit au total 4,7 ha. « On a eu l’opportunité de reprendre des parcelles adjacentes » , explique Vincent Harnois. Les vignes ne sont pas de prime jeunesse : « Elles ont 30-35 ans, et il manque beaucoup de pieds dans les parcelles » , décrit Robin Euvrard. Il a commencé à mettre des complants dans certains rangs, et se pose la question de l’arrachage pour replanter sur certaines zones. « Pour l’instant, on n’a rien fait de structurant sur le domaine » , reconnaît Vincent Harnois, même si les idées ne manquent pas. La vinification est faite par Robin Euvrard, dans un chai à Sainte-Radegonde, aménagé avec beaucoup de matériel d’occasion. En 2022, 2 ha ont été vendus sur pied. Sur le reste, le rendement moyen a été de 25 hL par ha, « avec 30 % de pieds manquants dans les parcelles » , rappelle Robin Euvrard, qui estime avoir perdu « 30 % avec le gel, 10 % avec le mildiou, et 10 % à cause de la sécheresse ». Les bouteilles, estampillées Pont Marmite, sont vendues autour de 9,50 € pour le blanc, et 10,50 € pour le rouge. « Notre volonté n’est pas de faire un vin élitiste » , appuie Vincent Harnois. Les débuts de Robin Euvrard à Pont Marmite sont à retrouver sur vitisbio.fr

 


En viticulture régénérative, des couverts vivants

Eco-Dyn propose des formations sur la viticulture, et plus largement l'agriculture régénérative : de quoi s'agit-il ? L'entreprise le définit comme « un système agricole innovant qui augmente la biodiversité et enrichit la terre de vie et d’humus. En améliorant la fertilité et la productivité, elle stocke du carbone dans les sols et la végétation (plantes, haies, arbres, etc.) tout en inversant les tendances actuelles de l’accumulation atmosphérique du CO2 et du réchauffement climatique ». Le tout, avec de bons rendements. L'idée de base est de conserver une couverture du sol, avec des végétaux en croissance. « C'est un peu comme si on cultivait une prairie, à laquelle est intégrée de la vigne, tout en gardant l'objectif de produire du raisin », résume Robin Euvrard. L'agriculture régénérative s'adresse à tous : viticulteurs, maraîchers, éleveurs, céréaliers... En bio, biodynamie, comme en conventionnel.

 

Article paru dans Vitisbio 18 janv.-fév.-mars 2023