L’Egtop a tranché : les phosphonates sont incompatibles avec le règlement bio

Le 29/07/2025 à 14:45

Enfin l’avis est publié : ce mardi 22 juillet, le groupe d’experts pour des avis techniques sur la production biologique (Egtop) se prononce contre l’introduction des phosphonates dans le règlement bio européen (1). Reste maintenant à attendre la validation de cette position par la Commission européenne.

Huit contre, un pour et une abstention lors du vote de l’Egtop. Pas de consensus parmi les 10 experts réunis début juin pour statuer sur l’introduction des phosphonates de potassium dans le règlement bio européen. Néanmoins, le groupe « a conclu que l'utilisation du phosphonate de potassium n'est pas conforme aux objectifs et principes de la production biologique et recommande donc de ne pas inclure le phosphonate de potassium dans l'annexe I du règlement (UE) 2021/1165. »

Un non, malgré un nouveau contexte

L’avis précise néanmoins, les éléments de contexte ayant changé depuis la première évaluation en 2014 : en 2025, les pays anciennement utilisateurs de phosphonates de potassium comme fortifiants pour plantes, ont maintenant plusieurs années d’expérience sans leur utilisation. En outre, le changement climatique se poursuit et plusieurs années de forte pression phytosanitaire sont observées dans toute l'Europe, causant des difficultés pour atteindre les rendements. Enfin, dans le cadre de la réévaluation du cuivre comme substance active, il est attendu que ce dernier sorte de la catégorie candidat à la substitution.

Les arguments contre font pencher la balance

Les arguments en faveur des phosphonates sont mis en avant par le groupe : contribution au maintien du rendement lors des fortes pressions et pour les pays où l’usage du cuivre est limité ; présence retrouvée dans l’environnement naturel (mais production synthétique obligatoire pour une fabrication en quantité) ; outil aidant à baisser les doses de cuivre ; faible risque de toxicité pour les humains et les animaux. Mais ce sont les arguments contre qui finalement auront plus de poids : la fabrication synthétique des produits ; le risque de décrédibiliser la bio avec la présence de résidus ; les conséquences sur la certification due à l’impossibilité de différencier les résidus de phosphonates avec ceux du fosétyl d’aluminium ; les incertitudes sur les impacts environnementaux (comme les mycorhizes) ; la porte ouverte pour une autorisation du produit à d’autres productions ; la potentielle perte d’équivalence à l’export vers les pays interdisant les phosphonates. Pour Sébastien David, vigneron ligérien président de France Vin Bio : « Il faut surtout attendre maintenant la validation de la Commission européenne, qui n’a pas d’obligation de délai pour sa réponse. Mais surtout, cela ne doit pas nous faire oublier que nous restons malgré tout dans une impasse technique si l’utilisation du cuivre devient de plus en plus limitée. C’est surtout sur cela qu’il faut avancer ! »

 

Frédérique Rose

 

(1) Plus précisément l’Egtop recommande de ne pas inclure les phosphonates de potassium dans l’annexe I du règlement d’exécution (UE) 2021/1165 de la commission du 15 juillet 2021 autorisant l’utilisation de certains produits et substances dans la production biologique et établissant la liste de ces produits et substances.