Parcours en Côtes du Rhône - épisode 4 :
des engrais verts adaptés et une 500 P pulvérisée

Le 28/10/2021 à 10:01

L’automne est bien implanté et il est temps de semer les engrais verts au Mas de Libian. Pour une meilleure adaptabilité, les Thibon font le choix de semences produites par un paysan dans la Drôme. Et côte biodynamie, ça y est, la 500 P est passée dans les vignes.

Semis des engrais verts

Chaque année, dès que les vendanges sont terminées, il y a deux choses que l’on essaye de positionner au mieux. Je dis bien au mieux, car les conditions météo ne sont pas toujours des plus favorables. En effet, sous nos climats méditerranéens, les pluies des équinoxes peuvent être fort violentes et répétées. Alors, avec nos sols argileux, il faut viser au plus juste ! Tout d’abord, le premier travail c’est de semer les engrais verts. Dans un premier temps, nous avons dû apprendre comment, quelles variétés, pourquoi, etc. Nous avons la chance en Ardèche d’avoir une super association – Agribio Ardèche – organisant beaucoup de formations. En général, nous nous retrouvons toujours avec le même groupe de vignerons. Ça crée des liens, et surtout cela nous permet d’établir des groupes d’achat. Donc, suite à plusieurs formations avec Éric Maille d’Agrobio Périgord (quand vous voyiez une formation dans votre région avec lui : inscrivez-vous vite ; il est super compétent, didactique et vous ressortez de là avec un vrai plan pour votre domaine et surtout moins bête !) nous avons commencé à développer cette technique mais nous n’étions pas du tout, mais alors pas du tout satisfait. On avait l’impression, pourtant, de tout bien faire comme il faut mais le résultat n’était pas là. Il y avait vraiment quelque chose qui nous dérangeait : les semences !

 

Trouver les semences locales adaptées

Nous avons acheté des semences à plusieurs semenciers spécialisés en bio (pour le discours en tout cas c’était top). Mais quand nous recevions nos semences (jamais à la date voulue, engendrant des semis un peu trop tardifs à notre goût) et que nous lisions les étiquettes, les provenances nous faisaient tomber à la renverse : Pologne, Allemagne, Autriche… Et nous, on semait ça en climat méditerranéen !!! Ça ne peut pas marcher ! Il nous faut alors absolument des semences bio et locales. Le plus simple serait de les faire nous-mêmes. Mais nous nous sommes heurtés au problème majeur de la moissonneuse : elles sont de plus en plus grandes et ne passent plus sur les chemins. Donc on oublie et on se tourne vers Agribio pour exposer notre problème. Depuis, nous achetons en groupe nos semences directement à un paysan dans la Drôme qui nous fournit des semences de haute qualité et super adaptées à notre climat.

 

Un mélange adéquat

Nous n’utilisons plus de féveroles car les graines sont trop grosses, et il est donc difficile de les semer en mélange. Nous privilégions donc la gesse ou pois carré (1,92 €/kg HT), de la vesce de Cerdagne (3 €/kg HT), du pois (1,10 €/kg HT), du seigle et de l’orge (0,60 €/kg HT). Cette année le producteur a semé en mélange seigle 60 %, vesce 20 % et pois 20 % (1,82 €/kg HT). Voici donc ce que nous semons, en proportion pour un hectare à calculer selon, si c’est semé une rangée sur deux par exemple : vesce, 17 kg ; gesse, 60 kg ; orge, 40 kg ; pois, 17 kg ; mélange seigle, vesce et pois, 80 kg. Pour les prochaines années nous souhaiterions remplacer l’orge par de l’avoine. Bon, ça, c’est fait et ça pousse !

 

Passage de la 500 P : à ne pas manquer !

Nous souhaitons pouvoir le faire quand les sols sont encore tièdes et actifs, un peu humides mais pas trop car nous passons la préparation avec un tracteur (il y a quand même 32 ha à faire). Et il est conseillé de choisir des jours sans vent, sans nœud lunaire, etc. Afin de ne pas rater ce passage, nous sommes bien équipés : deux dynamiseurs en cuivre et un pulvérisateur spécialement conçu pour les préparations biodynamiques. Tout notre matériel a été acheté chez Ecodyn, entreprise que nous ne pouvons que conseiller autant pour la qualité de son matériel, ses recherches et son service après-vente !

Dynamiseur en cuivre avec filtre inox (à g.) et pulvérisateur conçu pour les préparations biodynamiques.

Pour les préparations, nous les achetons chez Biodynamie services car, non, nous ne les élaborons pas nous-mêmes. C’est un choix que nous avons fait dès le départ car nous sommes conscients que nous ne pouvons pas tout faire bien, et nous connaissons nos nombreuses limites. Et s’il y a bien une chose qu’il faut faire avec une grande précision et compétence, ce sont bien les préparations. En revanche, nous nous appliquons à les passer correctement. Et ce que nous a vraiment appris Pierre Masson, c’est de faire confiance au bon sens paysan : le calendrier lunaire c’est bien, mais c’est stupide de ne suivre que lui. Car si le jour parfait sur le papier correspond à un jour de violent mistral, à des terres détrempées ou trop sèches, à quoi ça rimerait de s’entêter à faire une 500 P ? Cette année, ça s’est bien passé, pas de stress, il nous faut deux après-midi pour tout faire. Et ça aussi, c’est fait !

 

Les réservations sont ouvertes !

Voilà, d’ici notre prochain rendez-vous, il faudra que la petite lettre annuelle, que nous envoyons aux clients pour donner des nouvelles du millésime et avertir de l’ouverture des réservations, soit écrite et envoyée. Car tous nos vins sont vendus sur allocation/réservation. C’est très confortable mais c’est un peu de travail ! Entre-temps, on sème les engrais verts au jardin à la main et on récolte notre safran !

 

Semis des engrais verts au jardin et récolte du safran au Mas de Libian.

 

 

Le partage d’Hélène : 

Garder une eau de pluie de qualité

Pour pulvériser il faut de l’eau de pluie, mais elle doit être de bonne qualité. Avec de tout petits moyens on peut avoir une réserve d’eau qui ne croupira pas. Tout d’abord prévoir d’enterrer une cuve à côté du bâtiment. Le moins cher c’est une cuve béton de fosse septique de 30 hL à affranchir (s’il faut une réserve plus grande, achetez-en deux : c’est moins cher d’acheter 2x30 qu’une de 50). Fabriquez-vous un petit flotteur avec un bout de polystyrène en sortie de vos gouttières pour éliminer les cinq premiers millimètres de pluie toujours assez pollués. Puis posez un filtre en pouzzolane et vous aurez une bonne réserve d’eau de qualité, à moindre coût !

 

 

Hélène Thibon
(Crédit photo: Mas de Libian)