Parcours en muscadet – épisode 7 : Engrais vert et administratif

Le 27/10/2020 à 17:36

Journal de bord d’un vigneron 

Vitisbio suit un vigneron pendant une année. Chaque quinzaine, nous découvrons son actualité, ses enjeux techniques, ses difficultés et ses réussites !

Chez Robin Euvrard, la vinification se poursuit à la cave, tandis qu'à la vigne, un engrais vert est implanté. Le jeune vigneron s'attelle aussi aux nombreuses démarches administratives dans le cadre de son installation.

Une pluie fine est arrivée deux jours après le semis de l’engrais vert et a facilité la levée. © R. Euvrard

 

Comment se déroulent les travaux à la cave ?

Pendant les vinifications, la surveillance des cuves est quotidienne. Les interventions sont réduites, mais relever les densités, contrôler visuellement ou à l’odeur en passant une tête au-dessus des cuves, c’est aussi un moyen pour moi d’« accompagner » les vins en train de se faire. Après un démarrage poussif, les fermentations se sont bien enchaînées. Le gamay rouge est descendu à 1 030 de densité en quatre jours, ce qui m’a amené à décuver. La cuve était remplie à moitié de raisins non foulés, et je ne voulais pas pousser la macération jusqu’à la fin des sucres. Ça m’a permis d’utiliser mon pressoir vertical, petite cage en bois où le pressurage est permis par un vérin hydraulique, actionné manuellement. C’est autant un choix qualitatif (cela assure une presse lente, très douce) qu’un choix de plaisir.

 

Les fermentations continuent ?

 

Avec la diminution des températures extérieures, les fermentations se sont ralenties doucement. J’ai fait faire quelques analyses sur des cuves qui semblaient stagner, pour lesquelles j’avais un doute. Elles m’ont confirmé que les malolactiques s’étaient faites avant la fin des sucres, mais sans conséquence néfaste sur le vin. Avec la fin des fermentations, j’en profite pour faire quelques transferts. Je complète ainsi les niveaux sur les cuves finies, afin d’éviter un contact à l’air trop important. J’hésite à soutirer pour éliminer les lies trop épaisses déposées en fond de cuve, et commencer ainsi l’élevage sur des lies plus fines. Finalement, je soutire l’une des cuves et laisse la seconde sur ses lies de fermentation. Je pourrais de cette façon comparer et juger, au fil du temps. L’élevage du vin est quasiment un autre métier ! Pour le moment, la moitié des cuves a fini de fermenter, il reste encore quelques grammes de sucre sur le reste. Mais même avec des températures plus basses, la fermentation semble se poursuivre.

 

Et à la vigne, quelles sont les tâches à l'ordre du jour ?

 

À la vigne, les couleurs d’automne pointent doucement le bout de leur nez. Je souhaitais implanter un engrais vert rapidement. C’est pour moi une base importante pour la mise en place d’un sol vivant, un allié majeur pour une viticulture résiliente. Travail du sol ou semis direct ? Je fais finalement le choix d’un travail en surface pour faciliter l’implantation du couvert. Le sol était sec après les vendanges, et il m’a fallu attendre les premières pluies pour pouvoir travailler et préparer un lit de semence. Un premier passage de disques m’a permis d’ouvrir le sol et de butter les pieds en projetant de la terre sous le rang. Ensuite, un passage d’outil rotatif a précédé le semis proprement dit. J’ai choisi un mélange de huit espèces, associant graminées-crucifères-légumineuses. Les conditions étaient idéales, et une pluie fine est arrivée deux jours après pour faciliter la levée de tout ce beau monde. Ce mélange n’a plus qu’à prendre sa place pour une belle couverture hivernale. En entamant les démarches d’installation, il y a également l’ensemble des procédures administratives à établir.

Le vigneron a choisi un mélange de huit espèces, associant graminées-crucifères-légumineuses. © R. Euvrard

Un passage d’outil rotatif a précédé le semis proprement dit. © R. Euvrard

 

En quoi consistent ces démarches administratives ?

 

Il m’a fallu tout d’abord créer la structure juridique, et l’enregistrer en préfecture. Il y a l’ouverture du compte bancaire. Il y a la signature de l’engagement en agriculture biologique, validée quelques jours avant les vendanges. Il y a enfin l’identification auprès des douanes pour l’obtention du numéro CVI (Casier Viticole Informatisé), préalable à la livraison des marcs à la distillerie la plus proche, mais surtout à la déclaration de récolte. À partir de là, tous les volumes seront tracés et enregistrés jusqu’à la vente des bouteilles. Avec l’arrivée de l’automne, c’est aussi le retour des formations. Pour commencer, deux jours sur la gestion de la fertilité des sols. Une bonne occasion de rencontrer de nouveaux vignerons, d’échanger sur nos pratiques et surtout de mieux connaître les sols du vignoble.