Parcours en Beaujolais épisode 8 :
Un mildiou envahissant... mais un circuit de ventes satisfaisant

Le 19/07/2021 à 11:59

Face aux conditions météo de la saison, Olivier Renard renforce sa stratégie anti-mildiou. C’est aussi l’occasion de développer de nouveaux circuits de vente, en proximité avec le consommateur.

 

Osier, ortie et consoude destinés à une tisane : un des remèdes pour gérer un mildiou trop envahissant.

À LA VIGNE, LE MILDIOU PREND SES AISES
MAIS RESTE SOUS CONTRÔLE...

Ma plus ancienne vigne, au pied de la Côte du Py, est dans une zone favorable au mildiou, je le savais en acceptant le fermage. Je ne suis pas déçu en cette première année. Maladie cryptogamique facétieuse, elle aime nous surprendre et se jouer de nous. Une petite faille ? : la voilà. Une faille, vraiment ? Pas si sûr car tous les voisins sont également touchés, grosse fréquence de traitement ou pas, chimie de synthèse ou pas... La pression est telle qu’il s’agit cette année juste de limiter les dégâts, ne pas se retrouver dans la situation catastrophique de l’Alsace ou du Jura, encore plus arrosés que nous, et qui subiront de grosses pertes.

Le stade de cette vigne heureusement est plus avancé : beaucoup, beaucoup de tâches, mais fermeture de grappe imminente, donc moins de risques pour le raisin ensuite. J’ai fait un passage curatif serré (pulvérisation intensive rang par rang) : Silicuivre comme base cuprique, avec un cocktail asséchant de choc constitué de soufre de mine en renfort du feuillage, argile, essence d’orange, gros sel à 2 %, tisane d’osier-ortie-consoude, huile essentielle d’origan. Le résultat a été visible rapidement. Sur les autres vignes, quelques tâches éparses appellent à une vigilance forte également, même si la pression sur les côteaux vers 500 m d’altitude y est moindre. Pas de blackrot pour l’instant, je m’estime chanceux. Le manque de soleil est visible sur le feuillage, d’un vert un peu trop pâle...

> À relire : Article dans dossier Biofil : « Black rot : maîtriser les dégâts »

Décidément, les vendanges cette année ne seront pas en avance. La pluie reste annoncée tous les 3-4 jours jusque fin juillet. Encore beaucoup de randonnées sportives au programme. J’ai mesuré avec mon mobile 10 kilomètres de marche pour un hectare !

10 kilomètres de marche pour un hectare !

PREMIÈRES VENTES « À L'ANCIENNE »

 

De nombreux vignerons ici en Beaujolais, et très probablement ailleurs, ont fait quasiment toute leur carrière avec des ventes « de garage » : un ancien client devenu ami organise un rendez-vous de quartier, et des dizaines de clients se retrouvent autour d’un casse-croûte pour une dégustation et l’achat de vin, parfois avec un ou deux autres producteurs. C’est ce que j’ai pu expérimenter pour la première fois près d’Orléans la semaine dernière et c’était un grand plaisir.

Contrairement au salon, cela ne coûte presque rien (participation aux frais et quelques bouteilles de remerciement à l’organisateur), la logistique est simple, on dort chez l’habitant et les ventes sont significatives.   Contrairement au réseau des cavistes qui s’est beaucoup développé ces dernières années au détriment de ces ventes « garage », les ventes se font au tarif « conso » et non au tarif « pro », et le lien direct au client est maintenu. Du cycle court à l’ancienne très efficace que j’aimerais développer, même si le travail des cavistes et d’autres intermédiaires reste essentiel. La nouvelle génération de consommateurs, plus mobile, moins fidèle, peut-elle y adhérer ? Plutôt que l’argument « convivialité, fidélité et prix bas » du passé,   l’argument « convivialité, circuit court et soutien aux petits producteurs bio » pourra peut-être les convaincre. La convivialité, dans le monde du vin : une valeur indémodable !

Olivier renard expérimente la vente de proximité dans le jardin d'un ancien client.

> À relire :  Article Vitisbio « Commercialisation des vins de Bordeaux, se rapprocher des consommateurs »

 

PETITE RÉFLEXION SUR LA POLITIQUE AGRICOLE

Un agriculteur conventionnel producteur de betteraves était co-organisateur de notre petite vente. Très sympathique et très conscient de la pollution massive engendrée par les néonicotinoïdes. Selon lui il faudra s’attendre à une chute de 50% des surfaces par chez eux. Il déplore la lenteur et l’inefficacité des autorités sur ce dossier : le gouvernement vient à peine de lancer un programme de recherche d’alternatives aux néonicotinoïdes, après l’interdiction puis la réintroduction dérogatoire. Pour le glyphosate, même topo : c’est en 2021 que le gouvernement se pose la question des alternatives !

À ce niveau de retard, peut-on encore parler d’impréparation ? N’est-ce pas plutôt le résultat d’une politique délibérée de soutien aux pollueurs ? D’abord, retarder l’interdiction, ensuite, retarder l’identification et le développement des alternatives, pour permettre une prolongation ou retour éventuel des mêmes pesticides ou herbicides... À voir le monde du bio s’agiter pour avoir été sacrifié par la France à la PAC, on peut légitimement se poser la question !

Olivier Renard.

LE PARTAGE D'OLIVIER :

L’annonce d’Emmanuel Macron du 12 juillet : en voilà une belle surprise, qui restera dans les annales de l’Histoire ! Comment ne pas en parler ? Il ne s’agit pas ici de politique, mais juste de bon sens. Je me pose quelques questions simples pour ceux ne souhaitant pas ce vaccin ni ce pass sanitaire pour diverses raisons : sans vaccin ni PCR bientôt payant, comment participer aux marchés, aux salons, aux évènements auprès des importateurs, à la vente directe ? Comment se déplacer en avion, en train ou en bus pour notre activité commerciale, comment inviter les clients au restaurant, ou se faire inviter ? Comment faire de la vente directe au Domaine, voire de l’agro-tourisme si l’on demande de trier les clients ? La fameuse balance bénéfice-risque pour la société a-t-elle vraiment bien été analysée ? À suivre...