Parcours en Côtes du Rhône - épisode 13 :
Fichu mois de mars !

Le 17/03/2022 à 14:12

 Avant le coup d’envoi de la saison 2022, nombreuses sont les tâches à réaliser au vignoble. Mais les pluies ont été rares cet hiver au Mas de Libian. Même si cela facilite les plantations, cela induit aussi de nombreux questionnements : que faire des engrais verts ? comment va se dérouler le travail du sol ? Un mois un peu compliqué pour les Thibon…

Une sécheresse hivernale

9 mm… On espérait tellement qu’enfin il allait pleuvoir ce week-end ! Mais non, sur deux jours, nous arrivons péniblement à 9 mm ! Les pluies sont plus à l’ouest, et ici la sécheresse perdure, les engrais verts sont minables, notre voisin arbo commence à arroser… Je ne sais pas vous, mais à Libian nous détestons le mois de mars ! En général, le temps est exécrable, il pleut, ha ! non, il ne pleut pas, il fait froid, alors que l’on croyait que le printemps était à nos portes et en deux temps trois mouvements, on retourne en hiver. Si ça ne tenait qu’à moi, je le rayerais de l’année. D’autant plus qu’au mois de mars il y a tout à faire, tout à préparer, tout à organiser et tout à espérer. Bon, finalement, comme tout bon paysan on pleurniche car il fait sec, mais pour le coup, cette année, ça nous a bien arrangés ! En effet, nous devions planter (environ 4 000 pieds) et c’est toujours une gageure avec des sols argileux de le faire dans de bonnes conditions. Mais cette année, nous avons pu le faire dans des conditions idéales. Nous avons terminé vendredi juste avant la pluie ouf ! Nous plantons les piquets puis les plants à la main et en racines courtes. On ne se casse pas le bol à préparer les sols avec une charrue balance pour y faire passer une énooorme machine après !

Plantations de mars au Mas de Libian.

Vérifier et réparer le palissage

Ça, c’est fait ! Mais revenons aux petits travaux du mois de mars : on court tout le temps en essayant de ne rien oublier. Le palissage à vérifier et à réparer. Comme le genre féminin est très représenté chez nous nous palissons avec du fil deltex car les bobines sont beaucoup moins lourdes à porter, à dérouler, les fixations se font facilement et les réparations aussi. Surtout qu’il y en a pas mal ! En effet entre les coupures à l’écimage (le tracteur sur les galets roulés « danse » beaucoup dans les rangées), les coups de sécateurs malencontreux des vendanges, les éventuels coups de fusil des chasseurs et le prétaillage, il y a un peu de boulot. Finir de réparer les amarres car là aussi on en arrache au moment du décavaillonnage, du binage… petits moments d’inattention. Re-piquetter les vieux gobelets nous prend pas mal de temps, mais c’est absolument indispensable si nous ne voulons pas tout arracher lors du travail du sol.

Attachage des vieux gobelets.

 

Ne pas oublier d’aller attacher les baguettes que l’on a laissées à la taille sur les quelques parcelles de cordon (comme on n’en a pas beaucoup, ça nous arrive d’oublier et on n’a pas l’air malin quand les bourgeons poussent !). Puis quand la température remonte, on peut commencer à greffer en fente les remplaçants. Je ne reviens pas sur le sujet puisque nous en avions déjà parlé précédemment.

Taille des oliviers gagnant-gagnant

Il faut aussi finir la taille des oliviers. Cette année nous avons décidé de nous faire aider car dès le mois d’avril nous n’en avons plus le temps. Depuis quelques années nous avons la chance d’avoir un cueilleur de plantes qui vient ramasser toutes les branches pour les mettre au séchoir. Car il y a une vraie demande de feuilles d’olivier bio particulièrement pour la cosmétique. Voilà un bon exemple de coopération intelligente : il nous économise du travail et du brûlage et son revenu s’en trouve amélioré. Fort de cette expérience, nous avons décidé ensemble de planter prioritairement dans nos haies des essences qui l’intéressent pour la cueillette (romarin, aubépine, etc.) Nos deux grands jardins nous prennent pas mal de temps également.

Délicat timing du travail du sol

Tout le matériel de travail du sol et traitement est révisé et prêt à partir (enfin on espère ne pas avoir oublié le petit truc qui va casser pile au moment où il ne faut pas… ) Et la grande question du moment : comment va-t-on s’y prendre pour préparer les sols au décavaillonnage ? Les engrais verts étant tout rabougris de sécheresse, ne va-t-on pas les enfouir directement (ce sera une année pour rien) ? Faut-il attendre un peu plus longtemps en espérant la pluie au risque de nous mettre en retard sur les autres boulots ? Et de toute façon, allons-nous pouvoir attaquer le décavaillonnage comme d’habitude au 1 er  avril ? Les outils risquent de ne pas rentrer. Et ça, c’est l’angoisse ! Car nous sommes réglés comme des métronomes avec notre équipe. Avril : décavaillonnage + piochage (on compte 3 semaines + 1 semaine de battement pour pluie et ou panne). Début mai : épamprage. Fin mai et juin : relevage. Et c’est toujours un peu angoissant de partir avec du retard n’est-ce pas ?

Sans oublier la cave et les expéditions

Et bien sûr, à la cave il ne faut pas chômer non plus : soutirages, mise en bouteilles et dès la fin mars les expéditions commencent et vont se tenir à un rythme soutenu jusqu’à l’été.

Et pour corser le tout, l’approvisionnement en matières sèches devient de plus en plus compliqué, les délais s’allongent, s’allongent et les prix augmentent, augmentent... On va s’en sortir ou pas de la « crise du covid » ou le prétexte est trop beau ? Tiens ! Rien que de vous en parler je suis déjà fatiguée !

Bon courage à tous.

NB : Finalement, la nuit du 13 au 14 mars, nous avons quand même eu de la pluie : 20 mm en cumul sur deux jours c'est déjà ça !

 

Le partage d’Hélène : Tout faire pour ne pas se mettre en retard

En effet, on ne sait jamais ce que cette nouvelle année nous réserve. Sera-t-elle facile, difficile, la pousse sera-t-elle lente ou super rapide, y aura-t-il beaucoup de pluies qui vont compliquer le travail et mobiliser une partie de l’équipe aux traitements, le matériel sera-t-il conciliant ou fera-t-il exprès de toujours tomber en panne rien que pour aggraver la situation ? Alors comme rien n’est prévu, essayons de mettre toutes les chances de notre côté.

Bonne chance à tous et vivement le mois d’avril !

 

Hélène Thibon
(Crédit photo: Mas de Libian)