Parcours dans les Corbières, épisode 5 : à l’heure des traitements

Le 25/05/2023 à 11:55

Si l’oïdium est la maladie la plus préoccupante pour les vignes du domaine de Roquenégade, les pluies de ce printemps n’écartent pas le risque mildiou. Alexis Gaudin et Émilie Gal font le point sur leur stratégie de traitements.

 

Pulvérisateur de sortie

Bien que les températures soient assez fraîches pour la région, le printemps est bel et bien installé. La vigne en est au stade bourgeons floraux séparés et avec les 40 mm de pluie qui sont tombés le week-end du 12 au 14 mai, la pression maladie augmente sérieusement. Le pulvérisateur est de sortie ! Nous en sommes à notre troisième traitement depuis le début de la saison. Cette fois-ci, en plus du soufre nous rajoutons un peu de cuivre (150 g/ha) en prévision d'un départ de mildiou. Avant ça, nous avions réalisé un poudrage sur carignan et une pulvérisation soufre et fer sur l'ensemble du domaine.

Les jeunes vignerons investissent dans un pulvérisateur Berthoud d’occasion (crédit A.Gaudin).

 

Du matériel adapté

Pour pouvoir contrôler les pressions maladies sur le vignoble, nous nous sommes équipés dès la première année. Nous avons investi dans un pulvérisateur d'occasion, un pulsair de 800 litres de chez Berthoud qui a une bonne dizaine d'années. Avec cette capacité, nous traitons l'ensemble de la propriété avec deux remplissages. Le pulvé est suffisamment compact pour manœuvrer correctement dans les tournières pouvant être assez serrées à certains endroits. Concernant le soufre, nous avons aussi misé sur une poudreuse d'une capacité de 120 litres. Nous avions la possibilité de faire appel à un prestataire de services mais il nous semble que la maîtrise des traitements est primordiale pour une gestion correcte du domaine. Nous préférons donc les appliquer nous-même pour avoir une meilleure réactivité.

Une poudreuse d’une capacité de 120 litres rejoint le parc matériel (crédit A.Gaudin).

 

Poudrage précoce

Le premier passage que nous réalisons est un poudrage sur carignan. Notre vieux carignan est sensible à l’oïdium. La première année, 50 % des bourgeons sont partis en drapeau. Depuis nous réalisons un poudrage à la main dès le démarrage de la végétation. Cette intervention qui nous prend quatre bonnes heures semble très efficace puisque l'oïdium n'est presque plus visible sous forme drapeau. Le carignan est la seule parcelle qui reçoit ce type de traitement. Pour le reste, le soufre est appliqué pour la première fois sous forme liquide au stade 5-6 feuilles étalées. De l'huile essentielle d’écorce d'orange (Essen’ciel) est ajoutée au mélange pour améliorer l’efficacité de l'application. Ce traitement est renouvelé tous les 10 jours en moyenne avec une dose de 1 à 4 kg de soufre à l'hectare en fonction de la pression et de l'état de la végétation. En complément sur le carignan, voire sur la roussanne, un ou deux poudrages à 30 kg/ha peuvent être décidés mais ne sont pas systématiques.

 

Attention, mildiou

Concernant les risques mildiou, nous avons la chance d'être dans une région à faible pression. Nous cherchons à mettre le moins possible de cuivre et donc à cibler au plus juste nos interventions. Sur 2021, 950 g/ha ont été pulvérisés et nous sommes descendus à 250 g/ha en 2022. Nous nous basons sur les modélisations des contaminations pour décider ou non des traitements à base de cuivre en dosant à 100 ou 150 g/ha par intervention. Pour l'instant, cette stratégie s'avère payante puisque les vignes sont restées indemnes de mildiou en 2021 et 2022. Avec le printemps assez pluvieux que nous connaissons actuellement, les risques augmentent. La semaine dernière nous avons mis notre premier cuivre à hauteur de 150 g/ha. Il y aura certainement besoin d'en faire un deuxième dans la foulée cette semaine. Restons vigilants...

 

Produire ses PNPP à terme

Pour le reste, c’est assez simple. Nous mettons en place la confusion sexuelle lorsque la taille est terminée. Concernant la flavescence dorée, le domaine est situé dans un secteur où un seul traitement au pyrévert est obligatoire. Nous respectons donc ce minimum. Dans notre stratégie, nous souhaitons intégrer l'utilisation de PNPP. Nous venons de planter en avril plusieurs types de plantes aromatiques et médicinales sur un hectare, dans le but de produire des huiles essentielles et des plantes sèches. Certaines de ces plantes peuvent être utilisées pour leur vertu biostimulante sur la vigne. Les préparas à base de thym, camomille, sarriettes ou autres plantes pourront être rajoutés d'ici un à deux ans à chaque traitement en fonction des différents effets recherchés. Même si l'utilisation du soufre et du cuivre reste indispensable.

Plantation d’origan (crédit A.Gaudin).

 

Alexis Gaudin et Émilie Gal