Parcours en Beaujolais épisode 4 :
Premiers traitements, sans oublier l'administratif !

Le 21/05/2021 à 16:34

La météo et la pousse de la vigne imposent l’organisation du travail chez Olivier Renard. Des travaux en verts décalés, mais des traitements à commencer… et la comptabilité à ne pas oublier !

Premier passage de griffes sur vigne enherbée.

TRAVAUX EN VERT...

J’avais prévu un ébourgeonnage à la suite du passage du gel. Ces dernières années, cela n’a pas été nécessaire, je n’ai pas de rendement à réguler, ni trop de bourgeons à éliminer. Mais la vigne n’a pas suffisamment poussé pour pouvoir faire le tri à ce stade : trop peur de perdre les quelques bourgeons fructifères qui ont résisté au gel... Je regarderai donc cela un peu plus tard, mais à la marge, et je vais continuer le travail du sol,   entre les gouttes. C’est l’un des avantages du travail au cheval : même sur sol bien trempé (mais pas trop tout de même), le cheval passe...

> À relire : Article Vitisbio « Améliorer le travail du sol. Les bio, fer de lance de la traction animale. »

DU CUIVRE MAIS PAS TROP

Avant c’était trop tôt, après j’espère qu’il ne sera pas trop tard. Les vignes en conventionnel ont déjà été arrosées une ou deux fois ; de mon côté je n’ai pas encore fait mon premier traitement. Avant ce long épisode pluvieux, cela aurait été trop tôt : à peine quelques feuilles déployées. Aujourd’hui, je me dis qu’il est temps de reprendre mon pulvé à dos, ce que font d’ailleurs de nombreux vignerons, bien incapables de passer le tracteur dans leurs vignes saturées d’eau (19 tracteurs embourbés sur la seule commune de Fleurie la semaine dernière).

Bouillie bordelaise, Heliosoufre, Silizinc, purin de consoude : un petit cocktail de démarrage de saison bienvenu. Le cuivre : un écocide ?   La dernière méta-étude publiée (Novasols Experts)   montre que selon la bibliographie disponible à ce jour, des doses faibles de cuivre n'ont pas ou peu d'effets sur la biodiversité des sols. Avec mon 1,6 kg l’année dernière, peut-être 2-3 kg cette année, je ne m’inquiète pas trop pour ma microfaune ou ma microflore. Le cuivre est aussi un oligo-élément nécessaire à la vie. Pour le soufre, malheureusement je n’ai pas encore reçu le soufre mouillable de mine, je devrai prendre ce produit issu de déchet pétrochimique qui ne me plaît guère (cf. La dernière publication de Pr. Séralini à ce sujet).

> À relire : Article   Vitisbio   « Comment diminuer l’usage du cuivre ? »
> À paraître : Les résultats d’étude de Gilles-Eric Séralini et de Jérôme Douzelet sur les goûts et toxicités des pesticides, du cuivre et du soufre seront présentés dans le numéro 12 de Vitisbio (juillet-août-septembre 2021)

 

JOURS DE PLUIE, JOURS D'ADMIN...

« L’administratif », les vignerons le fuient comme les vampires fuient le soleil. Leurs compagnes ont souvent la charge de ce lourd fardeau. Pour ce qui me concerne, impossible de me dérober, surtout en cette période de bouclage de la compta. Je paye ma légèreté de l’année dernière : je dois retourner fouiller mes piles de factures, repartir à la recherche dans mes archives de courriels, envoyer un petit message contrit aux fournisseurs pour qu’ils me renvoient une facture évaporée quelque part...

Je vous avoue ici l’inavouable :  je n’ai pas de logiciel de gestion ! Je n’ai pas de logiciel de gestion des stocks, ni des ventes, ni des sorties de cave ! Tout à l’ancienne, tout sans conseil externe pour l’instant. Autant vous dire que le résultat laisse encore à désirer, mais je m’améliore d’année en année (en partant de loin, il faut le dire). Un dernier aveu : je ne fais des mises à jour en ligne que tous les 2 ou 3 mois, alors que l’administration l’exige mensuellement... J’espère que les statistiques des douanes y survivront.

L'administratif, un gros chantier pour les vignerons.

DISGRESSION SUR LA COMPTA

Un grand vigneron du Beaujolais (par la réputation, pas par la taille du domaine) me donnait le prix de ses bouteilles. Surpris, je lui demandais pourquoi ne pas ajouter 2-3 euros, au vu de la demande. Sa réponse : pour   rester au micro-bénéfice agricole !   Un ami me faisait la même remarque : il pense avoir un peu trop de bouteilles, il veut se séparer d’un hectare, ou diminuer ses prix, pour revenir au micro BA. Un point avec l’Afocg   l’avait conforté dans cette idée.

Une comptabilité « normale », c’est un piège : pour limiter la part imposable, il faut investir, amortir, réinvestir, racheter du matériel. La logique comptable vient imposer ses règles, parfois contre la logique agricole ou paysanne. Le micro BA, en fait, c’est la liberté :   un taux fixe sur le chiffre d’affaires, quels que soient nos choix... Ça me va aussi.

Olivier Renard.

LE PARTAGE D'OLIVIER :

Un appel à la solidarité pour les étudiants a circulé dans le Rhône, à l’initiative du syndicat Solidaires étudiant-e-s et de la Confédération paysanne : appel aux dons de produits paysans et locaux... Les vignerons du Beaujolais se sont mobilisés. 162 bouteilles,   et pas des moindres. Je sillonne le territoire ce 17 mai, à « la ramasse », pour que les étudiants de Lyon puissent les avoir en milieu de semaine. Impossible de citer toutes les cuvées, mais les étudiants vont pouvoir se faire un petit plaisir, entre amis si possible, pour oublier - un peu - les sacrifices que la pandémie impose à la jeunesse.